BNS: taux inchangés, le franc suisse chute !

La Banque nationale suisse (BNS) maintient ses taux d’intérêt inchangés à 1,75% lors de la réunion de politique monétaire conclue ce jeudi 21 septembre 2023. Il s’agit d’une décision surprise qui s’est traduite par une baisse marquée de la monnaie suisse sur les marchés des changes.

En particulier, le taux de change EUR/CHF est passé de 0,9578 en début de journée à 0,9646 à 12h00, après avoir atteint un plus haut de séance à 0,9677. La monnaie suisse s’est ensuite dépréciée par rapport au dollar américain, passant de 0,8983 à 0,9052.

L’examen du scénario de la BNS

Ce qui a convaincu la Banque nationale suisse de ne pas augmenter les taux d’intérêt, c’est la dernière enquête sur les prix à la consommation, qui a montré une baisse sur une base annuelle à +1,6% contre +1,7% en juillet. Les données mensuelles ont plutôt montré une croissance de 0,2%, ce qui a également eu un impact sur les estimations.

Cependant, dans le discours introductif et lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, le numéro un de la BNS, Thomas Jordan, a expliqué que “la pression inflationniste sous-jacentes, également dues à une inflation élevée à l’étranger, a continué à augmenter”. Dans ce contexte, il existe un risque que l’inflation en Suisse reste élevée à moyen terme, suite à des effets de second tour.” C’est la raison pour laquelle la Banque centrale suisse n’exclut pas qu’un nouveau resserrement soit nécessaire.

Contrairement à ce qui s’est produit à plusieurs reprises dans le passé, la BNS s’est distanciée de la décision prise il y a une semaine par la BCE. La Banque centrale européenne a en effet augmenté ses taux d’intérêt pour la dixième fois consécutive.

Prévisions d’inflation et de croissance pour la Suisse

La BNS a actualisé ses prévisions d’inflation et de croissance pour l’année en cours et les deux suivantes. En 2023 et 2024, en moyenne annuelle, les prix à la consommation devraient s’établir à 2,2% puis retomber à 1,9% en 2025, ce qui permet à l’Institut Central d’affirmer qu’à la fin de l’horizon de prévision, l’inflation se situera largement dans la zone de stabilité des prix.

En ce qui concerne le PIB, “la croissance économique restera probablement faible pendant le reste de l’année – affirme le document de Revue trimestrielle de la situation économique et monétaire -. La demande étrangère limitée et les conditions de financement plus restrictives ont un effet de ralentissement. » Pour l’année en cours, on prévoit une croissance du produit intérieur brut de 1 %.

Les effets sur le franc suisse

Après la décision surprise de la BNS, le franc suisse a perdu du terrain sur les marchés des changes. Un effet secondaire qui met en évidence l’écart entre ce que le marché attendait (hausse de 0,25 point de base) et le choix effectué. La dévaluation du franc suisse n’est pas la bienvenue pour la Banque centrale suisse qui pourrait intervenir sur le marché si elle voit la dépréciation se poursuivre. C’est Thomas Jordan lui-même, dans ses remarques introductives avant la conférence de presse, qui l’a déclaré.

La réaction du franc suisse

EUR/CHF, bougies de 5 minutes – Source : Bloomberg

« Depuis le début de l’année – a-t-il déclaré – le franc a gagné environ 4% sur une base pondérée par les échanges commerciaux. Cette appréciation a contribué à atténuer l’inflation importée de l’étranger et ainsi à ralentir la hausse des prix en Suisse”.

Et il a ensuite conclu : « Ces derniers mois, nous avons procédé à des opérations de vente afin d’assurer des conditions monétaires adéquates. Nous vendrons également des devises à l’avenir si cela s’avère judicieux du point de vue de la politique monétaire. A l’inverse, nous réitérons également notre disposition à acheter si nécessaire, c’est-à-dire en cas de pression excessive à l’appréciation du franc.»